Le batik est un mode d’impression textile millénaire, partagé par plusieurs cultures à travers le monde, porté sur l’île de Java en Indonésie à un degré de raffinement achevé, où il est un élément culturel emblématique.
Le mot “batik” vient du javanais “titik” qui signifie “faire des points” en référence au mode d’application traditionnelle de la cire, souvent déposée sur le tissu par gouttelettes qui forment des points.
Les motifs du batik javanais sont particuliers et porteurs de sens.
Il est difficile de dater précisément les débuts du batik à Java, mais on trouve déjà, par exemple, le motif “lereng” sur une statue de Shiva en or datant au IXème siècle, près de Wonosobo, à Java centre (voir ici), ou le motif “ceplok” sur le vêtement de Ganesh dans le temple de Banon près de Borobodur, datant de la même époque.
Le batik est intimement lié aux Palais et à l’histoire des sultans de Java. L’utilisation de vêtements de cérémonie en batik serait avérée au XVIIème siècle, sous le règne du sultan Agung , souverain du royaume de Mataram à Java. Jusqu’en 1930 le port du batik est réservé à l’aristocratie et à la cour. Certains motifs sont strictement attachés à la famille royale et jusqu’à aujourd’hui il est inconvennant de les porter en présence du Sultan.
– Poussez la porte des palais javanais: ici –
La position de l’île de Java, au coeur de l’archipel indonésien, en fait un lieu ouvert aux influences extérieures depuis les temps immémoriaux, portées par les navigateurs indiens, chinois, arabes ou européens, motivés par le désir d’exploration et d’expansion, attirés par les richesses naturelles de l’archipel. La culture indonésienne est faite de ces influences mêlées qui ont modelé les styles du batik indonésien au fil des siècles.
S’il on trouve des batiks originaires de Lampung ou Jambi à Sumatra, de l’île de Madura ou du pays Sunda à Java Ouest, la production provient principalement de Java Centre. Chaque ville cultive son style, les villes royales de Solo (Surakarta) ou Yogyakarta produisent un batik classique dans les tons de terre, celui des villes du Pasisir, côte nord de Java, comme Cirebon, Pekalongan ou Lasem (Rembang) sont caractérisés par l’emploi de motifs particuliers et la prédilection pour certaines couleurs.
Il existe aujourd’hui plusieurs techniques de fabrication du batik :
Batik Tulis : la plus haute qualité de batik et le procédé le plus long, où la cire est appliqué à l’aide d’une sorte de stylo, le canting.
Batik Cap : où la cire est appliquée à l’aide de tampon de cuivre, le cap, en motif répétitifs; procédé manuel de production en série.
Batik Print : qui utilise la sérigraphie, manuelle ou mécanisée ou l’impression par imprimante rotative. Le terme batik ne s’applique plus dans ce cas que par extension, désignant les motifs inspirés du batik traditionnel.
Batik Kombinasi : combinant les procédés: par exemple, un batik sérigraphié peut être ensuite rehaussé par application de cire au canting.
Le batik javanais est enfin et surtout intimement lié à son territoire par les motifs qui s’inspirent généralement de la nature, réinterprétant à l’infini le dessin des entrelacs végétaux ou des algues, les silhouettes oiseaux ou des animaux marins.