Je mènerai mon enfant
Partout où je n’ai pas été
Avec lui sur du marbre blanc
Dans des palais d’Orient
Je rirai aux gens de couleur.

Et aussi sous le soleil clair
Qui éclaire toute la terre
Pour ceux qui n’ont jamais pu faire
Tout ce que j’ai fait

Pour ceux qui n’ont pas vu
Tout ce que j’ai vu.

Paul Eluard

Longtemps Java fut partagée en plusieurs royaumes; aux raja hindouistes et rois bouddhistes succédèrent les sultans musulmans, et quand progressivement les hollandais imposèrent leur suprématie dans la région, ils les laissèrent en place tout en les soumettant, les instrumentalisant  dans la politique coloniale,  en favorisant même la régence de nouveaux souverains, divisant ainsi pour mieux régner, si bien qu’il y avait parfois plusieurs sultans sur de petits territoires.

Aujourd’hui leurs descendants vivent toujours dans les demeures seigneuriales qu’on nommera palais pour forcer le trait “conte de fée” mais ce terme emphatique déçoit parfois ceux qui ont en tête les ors de Versailles ou les arabesques du Taj Mahal.


Certains d’entre eux se visitent, voici donc ceux que nous avons vu à Java:

Yogyakarta

Keraton vient du mot javanais “ratu” qui signifie  “roi” et désigne le royaume ou la résidence du souverain.

Celui de Yogyakarta est de loin de plus vivant. 
Le sultan de Yogyakarta est le seul à avoir conservé un rôle politique, il est le gouverneur de la Province de Yogyakarta qui porte le nom de “territoire spécial”, un héritage politique récompensant le rôle du père de l’actuel sultan pendant la guerre d’indépendance.

Il n’est pas apparenté au capitaine Spoke, ces oreilles d’elfe sont des bijoux.

Le palais est une vaste enceinte clos de hauts murs où se succèdent différentes cours ombragées d’arbres majestueux, autour desquelles s’élèvent d’élégants  bâtiments: la résidence du Prince, ci dessus, évidemment privée, de vastes pendopos qui sont des bâtiments sans murs extérieurs, et des salles où sont exposés trésors, palanquins et carrosses princiers. 

L’enceinte du palais est un lieux de culture très vivant où se jouent quotidiennement  concerts de chant classique, danses ou spectacles de wayang.

Dans la galerie de portraits, on peut observer que les attitudes aristocratiques ont quelque chose d’universel.

Dans les cours, les nombreux gardes du sultans vont et viennent, balaient ou papotent, assis nonchalamment. Avec les artistes, ils sont les gardiens de l’âme du Palais et de la tradition, les sujets dévoués du Sultan, honorés de la charge qui leur est confiée, vivant en dehors de l’enceinte du palais dans ce qu’on appellerait chez nous “la vieille ville” qui appartient au Sultan, autour du Kraton. 

Les ruelles enchevêtrées de la vielle ville mènent aussi à Taman Sari, le Palais d’eau, autrefois lieu de méditation et de détente du Sultan, on dit qu’il jetait une fleur dans la piscine et que celle de ses femmes qui l’attrapait gagnait la chance de partager l’alcôve de leur royal mari.

Solo/Surakarta

La ville de Yogyakarta porte le diminutif de Jogja, le surnom de Surakarta est Solo. Sans expliquer clairement ce nom double, on peut imaginer que “Solo” se rapporte aux lieux eux-même puisque c’est le nom d’une rivière, et que Surakarta renvoie à Royaume ou bien qu’il est lié au déplacement de la ville, d’abord en 1745 après que les hollandais aient détruit Kota Gede près de Yogyakarta, le royaume de Mataram migra vers  l’est, et par la suite, d’après ce que m’ont dit les habitants du quartier de Laweyan, un incendie obligea une nouvelle fois le Palais à se délocaliser depuis ce quartier jusqu’à  son emplacement actuel.

Par chance, ce sultan là a l’envergure juste assez large pour exposer l’ampleur de ses mérites.

Des gardes de chair et d’os,  de bronze ou de bois, se tiennent impassibles devant les portes. Quoique le dernier ait l’air de nous inviter à une valse immobile.


Egalement constitué d’une succession de cours, le Kraton de Solo n’a pas la majesté de celui de Yogya mais conserve un charme indéniable, moins apprêté.

Deux d’entres elles sont ouvertes aux visiteurs, la première rappelle la disposition d’un cloître, une longue galerie bordant le jardin intérieur donne sur de nombreuses salles d’exposition.

Tel le vestige d’un monument naturel, cette souche est honorée d’un petit pendopo.

Voici quelques uns des trésors des sultans de Solo :

Fresque 3D représentant la lutte contre l’occupant hollandais.

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